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Le Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité (TDA-H)

En tant que parent, vous avez sans doute déjà remarqué que votre enfant a parfois des difficultés à se concentrer,  rester en place ou à maîtriser ses impulsions. Est-ce simplement le reflet d’un caractère un peu vif, ou s’agit-il de quelque chose de plus profond, tel qu’un Le Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité (TDA-H) ? Vous n’êtes pas seul à vous poser ces questions. Beaucoup de parents observent chez leur enfant des comportements qui peuvent sembler «différents » du cadre habituel et s’interrogent sur la marche à suivre pour l’aider au mieux. 

Le TDA-H (avec ou sans hyperactivité), désormais classé parmi les Troubles Neurodéveloppementaux (TND) dans les manuels de référence (DSM-5-TR, CIM-11), n’est pas un simple manque de volonté ou une mauvaise habitude. Il résulte d’un fonctionnement cérébral spécifique, qui peut affecter aussi bien les apprentissages que la gestion des émotions, l’organisation au quotidien ou encore les relations sociales. Cette réalité peut être source d’incompréhension: pourquoi mon enfant interrompt-il systématiquement la conversation? Pourquoi peine-t-il à finir ses devoirs ? Pourquoi semble-t-il s’éparpiller en permanence, alors qu’il est pourtant vif et créatif dans d’autres situations ? 

L’objectif de cet article est de vous accompagner dans la compréhension du TDA-H et de vous présenter des pistes concrètes pour reconnaître les signes, engager une démarche d’évaluation adaptée et construire un accompagnement cohérent avec les besoins spécifiques de votre enfant. En vous appuyant sur les recommandations officielles (Haute Autorité de Santé) et sur les connaissances issues des sciences neuropsychologiques, vous aurez les moyens de clarifier la situation et de donner à votre enfant toutes les chances de s’épanouir—à la fois dans ses apprentissages et dans son équilibre émotionnel. Si le chemin peut paraître complexe, sachez qu’il existe des ressources, des professionnels et des approches qui permettent de transformer ces difficultés en opportunités de mieux connaître et valoriser les talents de votre enfant.

1. Le TDA-H comme Trouble Neurodéveloppemental : références DSM-5-TR et CIM-11


Selon le DSM-5-TR (2022), le TDA-H se caractérise par un mode persistant d’inattention et/ou d’hyperactivité- impulsivité, présent avant l’âge de 12 ans, se manifestant dans plusieurs contextes (par exemple à l’école et à la maison) et entraînant une altération significative du fonctionnement social, scolaire ou professionnel. 


Les principaux symptômes se répartissent en deux dimensions :


  • Inattention : difficulté à maintenir l’attention, tendance aux étourderies, perte ou oubli fréquent d’objets, etc.
  • Hyperactivité-Impulsivité : agitation motrice, difficulté à rester assis, propension à interrompre ou à agir sans anticiper les conséquences.


La CIM-11 (2022) reprend une définition similaire sous l’appellation «6A05 : Attention deficit hyperactivity disorder », considérant que l’intensité des symptômes va bien au-delà de la variabilité normale attendue pour l’âge et qu’ils interfèrent notablement avec la vie quotidienne. Ces deux classifications insistent sur la possibilité d’une présentation mixte (à la fois inattention et hyperactivité-impulsivité), d’une présentation à prédominance inattentive ou d’une présentation à prédominance hyperactive/impulsive. A noter que la forme la plus fréquente en population clinique est la forme combinée associant les trois types de symptômes chez l’enfant.


Selon la définition du DSM-5-TR, la sévérité du TDAH peut être déclinée en trois niveaux d’intensité qui peuvent évoluer selon le temps et le contexte :


TDAH d’intensité légère : peu ou pas de symptômes, en plus de ceux qui sont requis pour faire le diagnostic, sont présents et les symptômes n’entraînent que des troubles fonctionnels mineurs ;

TDAH d’intensité modérée : des symptômes ou une altération fonctionnelle sont présents, sous une forme intermédiaire entre « légers » et « sévères » ;

TDAH d’intensité sévère : de nombreux symptômes, en plus de ceux requis pour poser le diagnostic ou plusieurs symptômes particulièrement sévères, sont présents, ou les symptômes entraînent une altération marquée du fonctionnement social, académique ou professionnel.



2. Les Recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS)


2.1. Caractéristiques et retentissement


La HAS réitère que le TDA-H est un trouble neurodéveloppemental nécessitant un diagnostic clinique approfondi. L’organisme précise également qu’il n’existe pas de limite d’âge stricte pour envisager ce diagnostic, même si l’on s’accorde sur l’apparition de symptômes avant 12 ans. Les conséquences peuvent être multiples : 


  • Risques accrus d’échec scolaire, de conduites à risque (consommation de substances, comportements addictifs) et de difficultés relationnelles. 
  • Comorbidités fréquentes : trouble oppositionnel avec provocation (TOP), troubles de l’apprentissage (dyslexie, dyscalculie, etc.), troubles anxieux ou de l’humeur. 


Un repérage tardif ou une absence de prise en charge peuvent aggraver ces difficultés et augmenter les risques de décrochage scolaire, d’isolement social et de répercussions émotionnelles (baisse de l’estime de soi, anxiété, etc.).


2.2. Processus diagnostique


Le diagnostic, selon la HAS, doit être clinique et plurifactoriel, incluant :


  1. Entretien avec l’enfant/adolescent et sa famille, évaluant l’histoire développementale, le contexte socio-éducatif et l’impact fonctionnel des symptômes.
  2. Recueil d’informations auprès des intervenants extérieurs (enseignants, éducateurs, etc.) afin de confirmer la persistance des symptômes dans différents milieux.
  3. Évaluation médicale (examen clinique, anamnèse somatique et neurologique) pour écarter d’éventuelles causes organiques ou d’autres diagnostics différentiels (troubles anxieux, troubles du spectre de l’autisme, troubles sensoriels, etc.).
  4. Outils standardisés : des échelles (ex. SNAP-IV, ADHD-RS) pour quantifier la sévérité des symptômes, repérer d’éventuelles comorbidités et suivre l’évolution. 


La HAS souligne qu’aucun examen complémentaire (imagerie cérébrale, dosage biologique ou test psychométrique isolé) ne saurait confirmer ou invalider à lui seul le diagnostic de TDA-H. En revanche, la contribution de bilans complémentaires est fondamentale pour comprendre l’ensemble des difficultés et poser un diagnostic différentiel solide.

3. L’Apport Fondamental du Bilan Neuropsychologique


Bien que la HAS précise que le bilan neuropsychologique ne soit pas systématiquement nécessaire pour poser le

diagnostic de TDA-H, elle en souligne l’importance dans de nombreuses situations :


  1. Objectivation du profil cognitif : Le bilan neuropsychologique permet d’évaluer précisément les fonctions attentionnelles (attention sélective, attention soutenue, flexibilité cognitive), la mémoire de travail, la rapidité de traitement et les fonctions exécutives (planification, inhibition, etc.).
  2. Recherche de troubles associés : Les comorbidités, telles que la dyslexie (Trouble Spécifique des Apprentissages: lecture), la dyscalculie (Trouble Spécifique des Apprentissages: mathématiques), la dyspraxie (Trouble du Développement de la Coordination) ou encore les troubles du langage oral (Trouble de la Communication), nécessitent souvent des évaluations ciblées (bilan orthophonique, psychomoteur, etc.). Parallèlement, un bilan neuropsychologique peut mettre en évidence certaines fragilités ou mécanismes compensatoires qui expliquent tout ou partie des difficultés scolaires ou comportementales.
  3. Ajustement des stratégies d’intervention : Les résultats permettent de préconiser des aménagements pédagogiques (PAP, GEVASCO, PPS) adaptés, en identifiant les domaines à soutenir prioritairement (par ex. : organisation du matériel, consignes raccourcies, temps supplémentaire, etc.).
  4. Suivi évolutif : Les mêmes outils peuvent être réadministrés pour mesurer les progrès obtenus grâce à une prise en charge multimodale (thérapie cognitivo-comportementale, psychoéducation, rééducation des fonctions exécutives, etc.) ou l’introduction éventuelle d’un traitement pharmacologique (méthylphénidate, atomoxétine etc.).


Il est donc crucial de rappeler que, même si un enfant présente un TDA-H, ses performances cognitives peuvent être hétérogènes: de nombreux jeunes développent des stratégies de compensation ou bénéficient de zones de force (par ex. : raisonnement verbal, imagination créative) qu’il convient d’identifier pour renforcer l’estime de soi et améliorer l’efficience globale.


4. Interventions Thérapeutiques et Éducatives : l’approche recommandée


4.1. Une prise en charge globale et multimodale


La HAS insiste sur la nécessité de proposer un projet thérapeutique complet, associant : 


  • Interventions non médicamenteuses : psychoéducation des familles (Programmes d’Entraînement aux Habiletés Parentales, PEHP lorsqu’il y a un comportement oppositionnel), accompagnement individuel (par ex. TCCE : thérapies cognitivo-comportementales et émotionnelles), adaptation scolaire (outils, supports, horaires modulés). 
  • Médication : le méthylphénidate reste la molécule de première intention, associé à un suivi régulier, tandis que l’atomoxétine constitue une alternative possible.


4.2. Adaptations pédagogiques et rôle du bilan


La mise en place d’un Plan d’Accompagnement Personnalisé (PAP), d’un Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS), ou d’un GEVASCO est d’autant plus efficace que les besoins spécifiques de l’élève ont été clairement identifiés grâce à une évaluation fonctionnelle et, si nécessaire, à un bilan neuropsychologique. Les résultats de ces bilans permettent de justifier auprès de l’école les accommodements recommandés (temps supplémentaire, consignes courtes, aides visuelles, etc.) et renforcent la légitimité des mesures proposées.


5. Implications Cliniques et Perspectives


Au-delà de l’évaluation clinique et de la prise en charge initiale du TDA-H, plusieurs enjeux clés méritent d’être considérés pour assurer un accompagnement optimal de l’enfant et de sa famille. Les axes suivants abordent tant la prévention du retard diagnostique, la formation des intervenants, la dynamique familiale que la valorisation des forces de l’enfant. Leur mise en pratique coordonnée contribue à soutenir un développement harmonieux, à renforcer la confiance en soi du jeune et à prévenir l’aggravation des difficultés scolaires, émotionnelles ou sociales.


1. Réduire le retard diagnostic

Un diagnostic tardif ou une absence de repérage exposent l’enfant à un risque accru d’échecs scolaires, de désinvestissement, voire de difficultés émotionnelles (anxiété, baisse de l’estime de soi) et comportementales (opposition, isolement). Plus tôt le TDA-H est identifié, plus il est possible d’intervenir avec des aménagements ciblés, des approches thérapeutiques adaptées et un soutien familial adéquat. Cette réactivité précoce contribue à prévenir la spirale d’échecs et à sécuriser le parcours de l’enfant.


2. Former les intervenants

Les enseignants, psychologues scolaires, médecins généralistes et pédiatres sont souvent en première ligne pour repérer des signes évoquant un TDA-H. Les former spécifiquement à ce trouble renforce la pertinence de leurs observations et facilite l’orientation vers un professionnel compétent (neuropédiatre, psychiatre, psychologue spécialisé, etc.). De plus, sensibiliser l’ensemble de l’équipe éducative aux particularités du TDA-H encourage la mise en place d’aménagements pédagogiques bien ciblés, améliorant le confort et les performances de l’enfant au quotidien.


3. Prendre en compte la dynamique familiale

Le TDA-H peut générer un stress important au sein de la famille : incompréhensions, épuisement parental, sentiment de culpabilité ou de découragement. Dans ce contexte, les Programmes d’Entraînement aux Habiletés Parentales (PEHP), proposés dans le cadre d’une psychoéducation, aident les parents à adopter des stratégies éducatives plus claires, cohérentes et ajustées aux besoins de leur enfant. Cette approche soutient la communication intra-familiale, prévient l’escalade de conflits et valorise le rôle actif et positif des parents dans l’accompagnement de leur enfant.


4. Valoriser les forces de l’enfant

Au-delà des difficultés liées à l’inattention, à l’impulsivité ou à l’hyperactivité, nombreux sont les enfants atteints de TDA-H qui présentent des atouts particuliers : curiosité intellectuelle, créativité, sens de l’humour, énergie communicative, etc. En les identifiant et en les renforçant, on maintient la motivation de l’enfant, on consolide son estime de soi et on ouvre des perspectives positives pour son avenir. L’articulation entre compensation des fragilités et valorisation des points forts constitue ainsi un levier essentiel pour soutenir le jeune dans son parcours scolaire et son développement personnel.


6. Conclusion


Les directives de la Haute Autorité de Santé et les classifications internationales (DSM-5-TR, CIM-11) convergent pour positionner le TDA-H parmi les Troubles Neurodéveloppementaux, soulignant l’importance d’une démarche diagnostique clinique rigoureuse, de l’évaluation des comorbidités et de la mise en place d’un suivi multimodal. Le bilan neuropsychologique, sans être le seul outil de diagnostic, demeure un levier majeur pour cerner les spécificités cognitives et comportementales de l’enfant, puis orienter des aménagements pédagogiques ciblés (PAP, PPS, Geva-Sco). Grâce à cette approche détaillée, il est possible d’assurer une prise en charge plus fine et d’accompagner l’enfant et sa famille dans la découverte et la valorisation de ses compétences.


Au sein de notre cabinet, nous avons à cœur de jouer un rôle-clé auprès des familles dont l’enfant présente un TDA-H. Notre équipe, composée de professionnels spécialisés (neuropsychologues, psychologues, orthophonistes partenaires, psychopédagogues...), s’attache à :


  • Réaliser des bilans complets et approfondis, adaptés aux problématiques de l’enfant et visant à repérer les forces et les fragilités qui impactent son quotidien.
  • Accompagner les familles sur le plan émotionnel et pratique, notamment via des séances de guidance parentale, et des conseils sur la gestion des comportements et de l’organisation à la maison.
  • Mettre en place un suivi psychopédagogique (remédiation cognitive, gestion mentale, entraînement des habiletés exécutives) en tenant compte du matériel scolaire ou d’outils numériques pour favoriser l’autonomie de l’enfant en situation d’apprentissage.
  • Coordonner nos actions avec l’équipe enseignante et les autres intervenants (médecins, paramédicaux) pour assurer la cohérence et la continuité de la prise en charge scolaire et thérapeutique.


En nous confiant l’évaluation et l’accompagnement de votre enfant, vous faites le choix d’une approche véritablement pluridisciplinaire, qui prend en considération la globalité de son développement et ses besoins spécifiques. Nous nous engageons à nouer un partenariat étroit avec vous, parents, et les différents acteurs de la scolarité (enseignants, personnels de santé...), afin de favoriser une coéducation cohérente et bienveillante. Notre objectif est de mettre en place des aménagements pédagogiques adaptés, d’apporter un soutien émotionnel à l’enfant, et de l’aider à développer ses habiletés pour gagner en autonomie dans ses apprentissages. De cette manière, nous contribuons à consolider son équilibre émotionnel et à promouvoir son bien-être, tout en respectant son rythme et ses singularités.


Bibliographie


American Psychiatric Association. (2022). Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (5th ed., text rev.). American Psychiatric Publishing.

Barkley, R. A. (2015). Attention-Deficit Hyperactivity Disorder: A Handbook for Diagnosis and Treatment (4th ed.). The Guilford Press.

Haute Autorité de Santé (HAS). (2021). Trouble déficit de l'attention/hyperactivité (TDA-H) : Diagnostic et interventions thérapeutiques auprès des enfants et adolescents [Recommandations]. [En ligne] : https://www.has-sante.fr/ (consulté le 16/03/2025).

World Health Organization. (2022). International Classification of Diseases (11th Revision). WHO. [En ligne] : https://icd.who.int/ (consulté le 16/03/2025).

(Les références ci-dessus sont fournies à titre indicatif et constituent une base de consultation pour approfondir la notion de Trouble Déficitaire de l’Attention avec/sans Hyperactivité et les approches cliniques recommandées.)